Las Vegas est un trop plein de copies, un rassemblement de cultures, des petits bout de mondes rejetés et échoués en plein désert. Le désert de Mojave, c’est un grand vide, une étendue de rocheuses et de plaines arides à perte de vue, une situation géographique assez peu commune pour établir une ville. Comment ce lieu peut-il héberger une telle ville ?
Probablement parce que le désert est en lien avec l’interdiction et la transgression. En effet, Las Vegas est basée sur la transgression d’évidences et de nécessités géographiques et environnementales en s’établissant en plein désert, au milieu de ‘rien’, sans eau (excepté le Lake Mead). Cette transgression ne fait que se transposer dans la plupart des activités de Las Vegas, les mariages, les combats de boxe, les jeux, l’alcool, la drogue, sont l’exemple même d’un rejet des mœurs et des règles de la société, en repoussant leurs limites.
Bien qu’elle ne soit pas légal à Las Vegas, regardons l’exemple de la prostitution, le proxénétisme étant légal au Nevada depuis 1881, d’après un article publié dans Prostitution et Société numéro 158. (extraits)
« En 2006, existaient environ 30 bordels légaux dans 10 des 17 comtés du Nevada alors que la prostitution est interdite dans tous les autres États américains. Malgré cette légalisation, la prostitution reste toutefois interdite dans les villes de plus de 400 000 habitants comme Reno ou Las Vegas. Les « clients » prostitueurs – camionneurs, ouvriers des ranchs et des mines, militaires et hommes d’affaires – sont censés fréquenter les bordels légaux, situés dans des zones rurales quasi désertiques. »
« Au Nevada, le taux de viols est deux fois plus élevé que dans l’État de New York et quatre fois plus que dans l’ensemble des États-Unis.
Loin d’être un rempart contre le viol, l’exemple du Nevada montre que la prostitution légale produit l’effet inverse en faisant la promotion de l’exploitation sexuelle des femmes. »
« 50% des gains sont empochés par les patrons sans compter la masse de pourboires que les femmes sont tenues de verser aux cuisiniers, barmans, videurs, et le prix prohibitif auquel leur sont facturés la nourriture, le logement et les soins médicaux. »
« Le Nevada est un épicentre de la traite des femmes aux États-Unis. La majorité des femmes des bordels légaux ne seraient pas originaires du Nevada. »
« Vie de prisonnières, surveillance électronique de chaque instant…
Les « employées » sont livrées à l’arbitraire des patrons et aux amendes, dans des lieux où la police fait peu de descentes parce que « c’est mauvais pour le business ». »
« La prostitution légale ne représente qu’un secteur dérisoire de l’industrie du sexe au Nevada. 90% de la prostitution est illégale : rue, escorts, strip-clubs, salons de massage… »
« À Las Vegas, où elle est interdite, les pages jaunes de l’annuaire proposaient en 2007 172 pages d’annonces de prostitution sous les rubriques Loisirs et Massages. Les bordels légaux créent une culture de prostitution et Las Vegas est une destination majeure du « sexe-tourisme » dans le monde. L’industrie du sexe y rapporterait entre 1 et 6 milliards de dollars annuels. Dans cette ville, la presque totalité de la population est liée à l’exploitation sexuelle des femmes : propriétaires de bordels et de strip-clubs, maris proxénètes, personnel des casinos, chauffeurs de taxis, restaurateurs, agents de voyages, etc. »
« Pays des chercheurs d’or, le Nevada a longtemps été un pays d’hommes où les seules femmes étaient des prostituées. »
« Le Nevada est largement exploité par l’armée américaine et dévasté du point de vue environnemental, ce qui fait dire à un anthropologue cité par l’auteure qu’il existe une relation étroite entre la destruction de l’écosystème et la destruction des femmes. »
http://www.prostitutionetsociete.fr/politiques-publiques/legislations-nationales/nevada-les-bordels-exemplaires-d
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