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Syndrome de Stockholm ?

14 Mai

Le territoire hostile se rapporte tout compte fait à une situation d’antagonisme, c’est-à-dire une opposition entre les actions de deux systèmes, généralement dans les cas étudiés, la Nature et l’Homme. L’hostilité traduit une relation conflictuelle de domination, où l’un et l’autre s’équipe de ses plus terribles armes pour faire fuir son rival dans une apothéose de moyens. Ainsi à Vegas s’opposent, entre autres, une chaleur torride à une technologie de la climatisation sophistiquée, la sécheresse à une gestion hyper-régulée de l’irrigation à une échelle presque semi-continentale.

Prométhée brings Fire to Mankind, Heinrich Füger, 1817 http://www.liechtensteinmuseum.at/en/pages/1415.asp Prométhée, en apportant la technique, initie la lutte perpétuelle entre l'Homme et la Nature

L’appropriation de ces territoires inhospitaliers se fait souvent par la démesure, réponse orgueilleuse d’un humain ambitieux à ces lieux qui apparaissent parfois comme bien rancuniers.

En regardant les exemples étudiés, on voit rapidement apparaître la notion d’extrême, et ce parce que la définition de l’hostile se fait souvent par la découverte d’une ou plusieurs conditions considérées comme « extrêmes », presque ultimes, indubitablement excessives, à la limite du tolérable pour une appropriation par l’homme. Ces conditions sont d’évidence d’ordre climatique (rappel des limites physiques de l’existence biologique d’un être humain), mais peuvent tout aussi bien se rapporter à des considérations d’isolement, de risques, de temporalité, de spatialité, d’exploitation… Et si elles ne sont pas insurmontables, la preuve en est, elles sont néanmoins garantes de limites, pas toujours estimées, et posent sérieusement la question de l’investissement : quel prix, financier, humain, écologique, sommes nous prêts à payer pour faire perdurer notre présence dans de telles situations ?

Mais bien que ces conditions soient sans nul doute perturbantes et de prime abord bien défavorables, elles ont  incontestablement un potentiel particulier qui manque à des territoires plus  anodins pour héberger l’activité humaine, et révèlent très certainement des avantages. Après tout, le désert du Nevada ne sublime-t-il pas l’évènement apocalyptique qu’est Las Vegas?

E. Cx

D’un extrême à l’autre: Vorkuta, la «guillotine glacée»

28 Mar

 

Vorkuta et son climat accueillant

Vorkuta est une ville édifiée par l’empire soviétique en 1931, et donc encore jeune, qui n’a obtenu le statut officiel de « ville » qu’en 1943. Elle se situe à environ 150km au nord du cercle polaire au cœur d’une région riche en minerais. Le climat y est subarctique, ce qui signifie une moyenne annuelle de -6,6°C, une température minimale de -52,4°C mais en contrepartie, de fameux jours de beaux temps où le mercure monte jusqu’à 33°C ! Un hiver qui dure entre 225 et 235 jours pour permettre une soixantaine de jours sans gel.

Les premiers habitants, en dehors des très peu nombreux natifs plus ou moins nomades, n’étaient autres que des prisonniers du goulag qui exploitaient les mines de charbon alentour, seule raison justifiant l’implantation d’une ville en cet endroit, et bien entendu les militaires les encadrant. Bien que les goulags se soient généralement dissous dans les années 1950, les camps de Vorkuta auraient continuer de fonctionner jusque dans les années 1980. Ce sont les prisonniers qui ont construit nombres d’infrastructures et d’édifices de la ville.

Vue aérienne, à droite la voie ferrée construite par les pensionnaires du goulag

Vorkuta, bien qu’encore enfant, a connu son apogée en 1990 avec plus de 200 000 habitants, pour retomber aujourd’hui à presque 80 000. La présence d’édifices publics (université, hopital,  centre scientifique, télévision, patinoire, distillerie…) ne parvient pas à retenir la population. La production de charbon qui montait à 20 millions de tonnes en 1990 est aujourd’hui d’environ 9 millions de tonnes, celle de « boissons alcoolisées » (comprendre vodka) a été divisée par 10 en 20 ans.

Son architecture est très sommaire, avec quelques édifices publics sans véritable intérêt et des bâtiments dortoirs sinistres, le tout dans une nuance générale de gris et blancs des bétons et des neiges. La ville s’organise autour des mines et de la rivière sans plan directeur jusqu’en 1973, en de longs édifices étroits. L’urbanisme ne semble pas particulièrement chercher à répondre aux conditions climatiques : bâtiments espacés forçant les passages par l’extérieur, grands espaces vides laissant passer le vent…

Cette ville est aujourd’hui en déclin, car son point d’équilibre a été déplacé à la chute du bloc soviétique. En effet, une fois l’URSS démantelée, les conditions économiques ont radicalement changé et l’industrie minière, sans le soutien de l’Etat, à perdu toute sa rentabilité et entrainé toute la ville avec elle dans sa chute. Une reconversion, en un tel endroit, est-elle envisageable?

Hotel à Vorkuta

Reférences:

http://en.wikipedia.org/wiki/Vorkuta consulté le 27 Mars 2011

http://www.vorcuta.ru/ consulté le 27 Mars 2011

http://maps.google.fr/maps?q=vorkuta&um=1&ie=UTF-8&hq=&hnear=Vorkouta,+R%C3%A9publique+des+Komis,+Russie&gl=fr&ei=4hORTbGiBZGJhQfy2ZmCDw&sa=X&oi=geocode_result&ct=image&resnum=1&ved=0CCAQ8gEwAA

 

E. Cx