Vintage Las Vegas

 

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Ce blog appartient à un collectionneur de Cartes Postales!

De Paris à Dubaï : 1889 – 2013

1889 = exposition universelle de Paris , réalisation de la tour Eiffel.

Nathan'sFamous

1916 = ouverture de la baraque de Hot Dog « Nathan’s famous » à Coney Island

1931 = légalisation des jeux d’argent à Las Vegas.

1944 = Luna Parc ferme ses portes après de nombreux incendies.

1955 = ouverture de « Walt Disney World Resort », près de Los Angeles.

1958 = création du boulevard périphérique, le « RING » parisien.

14 novembre 1967 =  « la société du spectacle », Guy Debord.

23 février 1970 = Dernier concert d’Elvis Presley à Las Vegas.

2 décembre 1971 = Dubaï accède à l’indépendance avec la création des Emirats Arabes Unies.

1972 = « Learning from Las Vegas », Robert Venturi et Denise Scott Brown.

1978 = « New York Délire », Rem Koolhaas.

1989 = Le mirage devient  le premier vrai complexe hôtelier à Las Vegas.

Saint Tropez selon France Miniature

1991 = « France Miniature » ouvre ses portes.

31 mars 1992 = ouverture du Parc  » Euro Disney « , Paris.

1999 =  » Las Vegas Parano  » , Terry Gilliam.

5 mai – 9 aout 2010 = exposition « Dreamlands » au centre Georges Pompidou.

9 janvier 2011 = Bouclage du duplex A86: le deuxième contournement autoroutier de Paris.

THE WORLD

2013 =  » The World  » est un archipel d’îles artificielles des Emirats Arabes Unies

DREAMLANDS – les parcs d’attractions et leur descendance

Les parcs d’attractions, tels qu’ils se sont développés depuis le début du 20e siècle aux Etats-Unis, en Europe puis en Chine ou au Japon, ne constituent pas des entités indépendantes du fonctionnement général de la société. En premier lieu, ils procurent des réconforts et répondent à des angoisses liées à l’évolution du monde ; un parc d’attractions est une collection d’éléments emblématiques de divers pays, un petit monde dans lequel le visiteur a l’impression de tout dominer. En second lieu, débordant leur cadre premier, ils se sont infiltrés en masse dans certaines villes dédiées aux loisirs, comme c’est le cas depuis longtemps à Las Vegas et plus récemment à Dubaï, pour retenir l’exemple le plus flagrant. Enfin, l’architecture dite postmoderne a pu leur emprunter leur éclectisme et leurs citations d’architectures diverses aussi hétéroclites que ludiques.

Quelle est la place des Dreamlands américains dans cette aventure ? En quoi l’« indécision » qui, dans les parcs de loisirs, règne entre original et pastiche, entre art et kitsch a-t-elle marqué la ville d’aujourd’hui et notre sensibilité ? Ces questions provoquent nombre de réflexions historiques, architecturales, sociologiques ou plastiques, que cette exposition donne l’occasion d’approfondir.

Du hard discount aux villages commerciaux : histoire d’une stratégie commerciale

En s’interrogeant sur la relation du centre commercial avec l’infrastructure et sa comparaison avec les hôtels-casinos de las Vegas revient à étudier le contexte de création de toutes zones commerciales.

Suite aux besoins d’équiper les grandes villes et villes nouvelles construites dans l’urgence,  ces centres initialement basiques se sont développés pour proposer aujourd’hui une large gamme de consommation : du hard discount au pôle de loisirs fun shopping (Centre commercial Odysseum à Montpellier) en passant par le complexe ciné-restau-boutiques (centre commercial de Val d’Europe) ou aux centres de boutiques chics (Bercy Village), les espaces commerciaux se sont progressivement modifiés pour devenir de véritable lieux de vie et de loisirs. On y va plus uniquement pour faire des courses mais pour se détendre. Tourisme et shopping deviennent complètement imbriqués créant un nouveau réseau de circulations et de commerces superposés qui enferme des quartiers d’habitations entiers sans commerces de proximités.

Hard-discount Lidl - Bercy Village - Odysseum à Montpellier

Ces centres commerciaux avec leurs infrastructures deviennent aujourd’hui quasiment les seuls vecteurs d’aménagement urbain, remplaçant le traditionnel centre-ville pour créer un nouveau lien territorial à l’échelle locale, comme Belle-Epine qui créé un nouvelle ‘intercommunalité’ entre plusieurs communes.

Ces nouveaux espaces pour créer une nouvelle manière de consommer, se réinvente et crée une nouvelle urbanité grâce à des places et des rues qui concentrent les loisirs, les magasins, la promenade dans des espaces confortables.

On le voit la tendance à diversification des centres commerciaux pour devenir de véritable lieux de vie peut ressembler à la nouvelle stratégie touristique des complexes casinos-hôtels le long du Strip qui se diversifie pour proposer de nouvelles activités en dehors du casino.

Centres commerciaux et réseaux de transports en Ile-de-France : une histoire liée

La région parisienne de par sa population dense et son pouvoir d’achat élevé a joué un rôle de laboratoire en matière d’innovation commerciale : l’hypermarché, le centre commercial régional, le hard discounter, les grands magasins ; de nombreux concepts nées dans la région parisienne.

Pendant près d’un siècle les grands magasins parisiens sont restés cantonnées en hyper centre, pour s’ouvrir dans les années 70 à la banlieue jusqu’alors sous développée en accompagnant l’essor des grands centres commerciaux prévus dans le SDAURP. Ce schéma en dehors de créer les villes nouvelles, les pôles tertiaires tels que La Défense, les RER prévoit une rocade en première couronne l’A86, et une ceinture de grands centres commerciaux régionaux qui devaient jouer le rôle de pôles structurants dans la banlieue.

Carte des centres commerciaux et leur date de création

A la suite de cette planification, la Région Ile-de-France est devenue la région la mieux équipée grâce à deux vagues successives d’aménagement. Dans les années 1970 avec la mise en place dans un rayon de 15 km autour de Paris d’une dizaine de centre commerciaux centres commerciaux régionaux notamment autour de l’A86 : Parly 2, Vélizy 2, Belle-Epine, Créteil Soleil, Parinor par exemple. Ces centres commerciaux se sont implantés le long d’axes routiers permettant d’accroître leurs zones de chalandises.  Dès le début des années 1980, un second réseau de centres commerciaux plus petits vient répondre à la demande locale, tels que les Arcades 2 à Noisy-le-Grand, les Trois fontaines à Cergy implantés sur des réseaux secondaires routiers ou directement sur le RER (Châtelet-les-Halles, les Arcades, etc…). Depuis quelques années les grandes chaines de distribution ont créé des magasins encore plus petits et plus spécialisés  pour les besoins à l’échelle très locale.

 On le voit le maillage commercial parisien est dans l’ensemble très dense et satisfaisant notamment en proche banlieue en encerclant Paris : pas moins de 25 centres commerciaux à moins de 6 kilomètres le long des principaux axes routiers : autoroutes, nationales etc.

Le centre commercial francilien nous semble intéressant à rapprocher du casino de Las Vegas car ils possèdent une relation à l’infrastructure identique : entre dépendance et dépassement vis-à-vis de celle-ci.

A86 sud : un Strip métropolitain

On le voit Las Vegas connait un changement de stratégie touristique, il y a quelques années encore les complexes hôteliers situés le long du Strip prospéraient. Aujourd’hui on assiste à une diversification de son offre touristique à destination du tourisme d’affaire et des familles en développant des espaces de congrès, de nouveaux complexes résidentiels, des musées. Le Strip conserve toujours son rôle de boulevard unifiant l’ensemble de ces complexes, permettant de passer d’une ambiance à une autre autre, tels des copies de morceaux de villes, comme on a pu le voir le voir dans cette vidéo.

 

L’ autoroute A86 dans sa partie sud, est un véritable boulevard à l’échelle métropolitaine qui relie la moitié des très grands centres commerciaux de la région : Parly 2, Vélizy 2, Belle Epine, Thais Village, Créteil Soleil, Rosny 2. Cette disposition logique permet d’augmenter la zone de chalandise et le repérage pour les clients. Ces centres commerciaux connectés à l’autoroute, sont isolés de leurs voisinages. Ces centres commerciaux sont devenus les seuls centres de vie quotidienne : centres de consommation domestiques, centres de rencontres, de loisirs.

 

Le réseau d'infrastructure et les centres commerciaux sur l'A86 sud

L’A86 avec ces îles commerciales peut ressembler au Strip de Las Vegas avec ces complexes casinos-hôtels, déconnectée de son environnement local mais reliée à un environnement plus large (régional d’un côté et mondial de l’autre), car ces deux systèmes initialement thématisés se diversifient aujourd’hui pour devenir des espaces qui s’ouvrent à la ville.

Strip - A86 : deux modèles comparables

 

 

Tourisme d’affaire à Las Vegas : une nouvelle manne ?

Dans un précédent article on a avait pu remarquer que le profil type du touriste à Las Vegas était un homme d’affaire, et on s’interrogeait sur sa venue à Las Vegas, ville du jeu et du hasard. On peut trouver une réponse en étudiant les plans des casinos et des surfaces dédiées à chaque type d’activités. On remarque que la surface dédiée aux casinos dans chacun des complexes suivants est faible en comparaison de la surface dédiée aux salles de conférences et de séminaires.

Casinos                               Surface casino (m²)             Surface espace conférence (m²)

MGM                                                    16 000                                             92 000

Ceasars Palace                                 15 500                                          110 000

ARIA                                                    14 000                                        300 000

Mandalay Bay                                   12 500                                           93 000

Les plans de ces hôtels-casinos nous montrent en détail que ces complexes deviennent de véritables espaces de congrès.

Ainsi une grande part des touristes venant à Las Vegas, sont des touristes d’affaires venant pour des séminaires, des congrès, expositions. Le tourisme d’affaire devient extrêmement important pour la survie des complexes hôteliers de Las Vegas. Las Vegas possèdent en effet des atouts comme destination mondiale du tourisme d’affaire car peut offrir de nombreuses distractions avec ses casinos, spectacles par rapport aux autres villes des Etats-Unis.

Hors Paris

Les déplacements des visiteurs de Las Vegas à des sites hors de la ville étaient principalement des sites naturels. Nous avons identifié le Lac Mead et le Grand Canyon comme les deux sites les plus visités avec l’article précédent.

Si on transfère cette analyse à Paris, la conclusion est très différente. Pour le visiteur c’est (Paris) Montmarte, Versailles, Disneyland et Roissy. (AA Super Position State of Mind 93) Donc, le hors Paris pour les non-parisiens consistent en un aéroport et quelques complexes touristiques. De plus, Disneyland Paris accueille plus de touristes payants que le musée du Louvre. C’est donc un générateur de revenu important pour la région, même s’il se situe à 30km de Paris.

Peut-on conclure que les attractions construites et spécifiques (comme les scènes en carton de Coney Island décrit par Koolhaas dans New York Délire) supplantent les attraits naturels ? Les complexes de casinos-hôtels à Las Vegas, sont-ils équivalent au Parc Disneyland à Paris ? Est-ce qu’il aurait un passage du tourisme lié à la ville historique de Paris aux attractions construites à la périphérie ? Qu’elles sont les conséquences pour le plan du Grand Paris et pour les résidents de Paris ?

Source: Revue AA (Super Position State of Mind) 93

Nearby Places

Las Vegas est une oasis au centre du désert. On a déjà examiné que c’est possible de visiter Las Vegas sans être dehors, c’est une possibilité, mais quand même on voit des personnes sur les trottoirs et sur les bords des piscines extérieurs. Très peu de visiteurs qui visitent Las Vegas, osent sortir de la ville, seulement 13 % des visiteurs ont visité les nearby places. Ceci nous montre que Las Vegas est une vraie oasis au milieu du désert, que tous les besoins et les intérêts des visiteurs sont servi par Las Vegas.

Il existe tout de même des statistiques sur les destinations touristiques à proximité de Las Vegas. La majorité ont soit visité le lac Mead ou le Grand Canyon, tous les deux des sites naturels (voir graphique ci-dessus). C’est vrai qu’il n’y a pas de nombreuses destinations qui peuvent rivaliser avec Las Vegas à proximité, bien qu’elles existent comme ce site qui répertorie ces sites et attractions.

Peut-on donc demander qu’est-ce qu’il y a en commun entre la Grand Canyon, Lac Mead et Las Vegas ? Ou peut-être qu’est ce qu’il n’y a pas ? Peut-être que ces deux attractions en pleine compagne représentent une fugue de Las Vegas, peut-être qu’ils sont visités par les personnes qui trouvent que Las Vegas est tout simplement trop pour eux ?

Sources:
LAS VEGAS VISITOR PROFILE Prepared for Las Vegas Convention and Visitors Authority By GLS Research

Desert America: Territory of Paradox, Ramon Prat, Michael Kubo and Irene Hwang,  Actar (December 1, 2006) 

Las Vegas réclame un Guggenheim

L’art s’invite au casino ou l’histoire d’une rencontre improbable

Entre folie et aberration, tous les ingrédients sont réunis pour donner naissance, en février 2002, dans la cité de la démesure, à deux structures muséales, produits hybrides dont la conception et l’implantation pourraient bien remettre en cause, selon certains, la notion même de musée.

C’est évidemment Rem Koolhas, l’architecte néerlandais le plus en vogue du moment, lauréat du prix Pritzker 2000, qui est convoqué pour la mise en œuvre de l’espace muséal qui l’accueillera. De même, l’implantation de ce lieu dédié à l’art ne peut se faire ailleurs qu’au sein de l’univers délirant du Venetian Resort Hotel Casino, dont le décor offre la réplique des plus fameux monuments et sites de Venise, et qui ambitionne de devenir, à la fin de la construction de sa phase deux, le plus grand hôtel du monde avec pas moins de 6000 suites, 35 étages, 5 piscines, 2 casinos, 150 magasins, 2500 machines à sous et le plus grand centre de congrès des Etats-unis.

 

Deux musées au cœur du Venetian.

La première structure, le Guggenheim Las Vegas, est une galerie de presque 7 000 m2 implantée à l’arrière du Venetian, et à laquelle on n’accède qu’après avoir traversé le hall du gigantesque hôtel dans le brouhaha des machines à sous. Le second espace, aux dimensions plus modestes (environ 800 m2) et situé à l’entrée même de l’hôtel, s’apparente davantage à un musée classique. Il est conçu pour recevoir une sélection d’une cinquantaine de pièces maîtresses de la peinture moderne issues des collections du Guggenheim Museum de New York et du musée de l’Ermitage de St. Petersbourg, sélection qui sera renouvelée en moyenne deux fois par an. Ici, la collaboration entre un musée américain et un musée russe parmi les plus prestigieux du monde n’est peut-être pas l’association la plus improbable de cette aventure de l’art, parachuté dans cette cité du jeu isolée au cœur du désert du Nevada.

 

Ouvrir l’art à un public plus large

L’art s’introduit à Las Vegas et voilà que tout le monde crie au scandale, l’art est abaissé au statut de marchandise, de spectacle, le Guggenheim n’est qu’un label vendu comme une franchise, au plus offrant. L’implantation de ces espaces voués à l’art dans cet univers de parodie, de faux-semblants, de sous-culture qu’est Las Vegas, où le décor oscille constamment entre grandiose et grotesque, a secoué le monde de l’art. Qu’il soit envisagé comme une distraction au même titre que toutes les attractions que propose la ville lumière est inimaginable. Ce qui reste rassurant c’est que en implantant le musée à l’intérieur d’un casino, Las Vegas affirme sa volonté de transformer l’espace d’exposition en espace de divertissement, le parti est lisible ce qui rend compte d’une certaine honnêteté!