S’il est un territoire hostile par excellence, il s’agit sans doute possible de l’Antarctique, puisque c’est le seul continent où aucun mammifère terrestre ne vit. Ses conditions climatiques et spatiales (banquise, terre rocailleuse), son isolement et son manque de ressources en font un lieu presque impossible à habiter. Et pourtant, on y trouve quelques bases scientifiques, dont des françaises en terre Adélie, comme la base Concordia (base franco-italienne) enfoncée à quelques 1000km à l’intérieur des terres. L’établissement de cette « colonie » date de 1997, et sa justification est purement scientifique. L’Antarctique, ce continent si particulier, est un lieu de curiosité sensationnel et possède moult secrets jalousement convoités par la communauté scientifique.
L’accès à la base ne peut se faire qu’en été (octobre à février), par avion en quatre heures, ou par convoi terrestre en une vingtaine de jours (nécessitant un guidage par satellite), ce qui force une autonomie du complexe allant jusqu’à neuf mois. Ce fonctionnement repose sur de nombreux éléments techniques (groupe électrogène, chaufferie, unité de traitement des eaux) qui rendent indispensable la présence de techniciens de manière continue. Les constructions sont montées sur pilotis qui, grâce à des vérins hydrauliques, permettent de monter ou descendre les bâtiments en fonction des variations du sol gelé. L’emprise de la station reste limitée puisqu’elle ne peut accueillir que 40 individus en été (15 en hivernage).
Les bases antarctiques sont l’exemple ultime de cette volonté farouche qu’a l’homme de s’implanter partout. Ici, c’est la curiosité et la soif de connaissance qui motivent une installation périlleuse et extrêmement coûteuse, et si elles sont peut-être plus louables que les raisons du développement de Vegas, elles n’en amènent pas moins de conséquences et reposent tout autant sur des exploits techniques et humains. L’avantage de ces bases est qu’elle ne répondent pas (ou peu) à des logiques économiques, sociales ou politiques, et ainsi ne semblent pas être sujettes à une chute soudaine menant à leur fin.
Voir un film du CNRS montrant la vie dans ces bases http://videotheque.cnrs.fr/video.php?urlaction=visualisation&method=QT&action=visu&id=1894&type=grandPublic
E. Cx